
Pourquoi un bœuf et un âne dans l’étable ?
« Marie enfanta son fils premier-né. Elle l’emmaillota et le coucha dans une crèche, car il n’y avait pas de place pour eux dans l’hôtellerie. » Luc 2, 7

Mme Poccori peint Jésus, entouré de l’âne et du bœuf, avec je trouve, une profonde tendresse dans leur regard. Beaucoup de douceur se dégage de leur présence, non ?
Pourtant, ni l’évangile de Matthieu ni celui de Luc, les deux seuls à présenter la naissance de Jésus, ne font mention d’un âne ou d’un bœuf. Alors pourquoi en mettons-nous dans nos crèches ? Quel sens peuvent-ils revêtir ?
Il est vrai qu’il existe une référence écrite de l’enfant Jésus entouré de l’âne et du bœuf dans le récit apocryphe (non reconnu pour faire partie de la Bible) nommé l’Évangile du Pseudo-Matthieu, appelé aussi Livre de la naissance de la bienheureuse Vierge Marie et de l’enfance du Sauveur, écrit autour du Vème siècle ap JC. Il raconte la naissance et l’enfance de Marie avec ses parents Anne et Joachim, puis la naissance de Jésus et la fuite en Égypte. On y lit : « la très bénie Marie sortit de la grotte et entra dans une étable, plaça l’enfant dans la stalle, et le bœuf et l’âne l’adorèrent ».
Avant cela, Origène, un « Père de l’église » du IIIème siècle ap JC évoque l’âne et le bœuf autour de l’enfant Jésus. Il se base sur le verset 3 du premier livre d’Esaïe dans l’Ancien testament : « Le bœuf connaît son propriétaire, et l’âne, la crèche de son maître. Israël ne le connaît pas, mon peuple ne comprend pas. » Il propose une théologie affirmant que le bœuf représente les chrétiens et l’âne, le peuple juif, tous réunis pacifiquement autour de Jésus. Penser l’interreligieux à partir et autour d’un enfant, symbole de renouveau, c’est porteur d’espérance non ?
Quand à St François d’Assise, c’est lui qui met en place la première crèche avec un âne et un bœuf à Greccio, après en avoir demandé la permission en 1223, au pape Honoré III. C’est probablement pour lui une manière d’exprimer comment toute la création est partie prenante de ces temps nouveaux inaugurés en Christ. Et pour nous, une invitation à préserver cette même création, dont nous faisons partie intégrante, en interdépendance.
Une autre symbolique, et c’est ma préférée, peut être développée à l’aide de la figure de l’âne. Jésus entre triomphalement à Jérusalem pour la fête des rameaux sur un âne. C’est sur un âne que Marie et lui fuient en Egypte, accompagnés de Joseph. Sur un âne, qu’ils reviendront d’Egypte. L’âne était à l’époque de Jésus, grand, souvent blanc, et surtout la monture des rois en temps de paix. Le roi venait à dos d’âne pour visiter son peuple, ses villes. L’enfant Jésus dans la crèche est ainsi déjà compris comme le prince de la paix.
Notre roi vient porté par la douceur des regards de l’âne et du bœuf posés sur lui, il vient en paix, il nous donne sa paix.
Puissions-nous en ce temps de l’Avent, dans ces temps si troublés, faire œuvre de paix, être porteur.se.s de gestes, de paroles de paix, oser le pari de la paix en regardant le monde du Vivant avec tendresse et douceur, pour contrer toute violence.
Pour s’accompagner sur ce chemin de bienveillance, nous vous proposons ce vendredi 15 décembre un partage biblique à la maison de paroisse de Jussy de 10h30 à 11h30 autour de Luc 2 : « Un Dieu incarné ? ». Ainsi que l’office du milieu du jour qui suivra de 12h à 12h30 au temple avec temps d’intercession pour la paix dans le monde. Un pique nique suivra pour celles et ceux qui le souhaitent, étant attendue à 13h30 au Noël des aînés à Puplinge.
Ce dimanche 17 décembre, le culte tous âges « le Noël du petit berger » aura lieu au temple de Jussy à 10h30. Nous nous réjouissons d’accueillir les enfants du KT entourés de la pasteure Loraine d’Andiran, d’Alicia leur responsable régionale pour nos villages et les catéchètes bénévoles. Merci à elles !
En pièce jointe, vous trouverez également nos réjouissances pour Noël. Vous pouvez encore vous inscrire (jussy@protestant.ch)pour le repas communautaire du 24 décembre dès 19h30 qui se déroulera à la salle de paroisse de Jussy.
Une belle suite de semaine à vous, portée par celui qui ouvre tout chemin de paix en nous et autour de nous, le Christ, notre Seigneur.
Vanessa Trüb, pasteure